n'essayez surtout pas de maigrir
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N'essayez surtout pas de maigrir
Chère lectrice, cher lecteur,
La mode en ce moment est de dénoncer les régimes, en racontant que les régimes ne marchent jamais, qu'ils sont mauvais pour la santé, qu'ils rendent malade, que ce sont tous des arnaques marketing, que vous devenez encore plus gros ensuite, etc.
C'est très exagéré.
Mon avis au contraire est que pratiquement tous les régimes sont efficaces.
Choisissez celui que vous voulez : régime sans graisse, régime fractionné, régime sans protéines, régime sans sucre, régime sans viande, végétarien, régime paléo, régime Atkins ou Dukan, je suis pratiquement certain que vous allez maigrir si vous suivez leurs conseils.
Certains régimes sont ridicules, comme le « régime banane » qui ferait soi-disant fureur au Japon [1], ou le régime cacahuète, prétendument recommandé par Harvard [2].
Mais dans la plupart des cas, ils font perdre du poids. Et en dehors de ces quelques exemples extrêmes, ils ne sont pas dangereux pour la santé [3].
Au contraire, l'obésité entraîne tant de problèmes de santé que vous rapprocher de votre poids optimal ne peut en aucun cas être mauvais pour vous. L'obésité ne cause pas seulement diabète et maladies cardiaques. Elle augmente aussi le risque d'arthrose à cause du poids sur les articulations, et de cancer.
Le problème, c'est que les régimes ne marchent que si on les respecte, au moins en partie.
Or, respecter un régime fait partie des défis les plus grands pour l'être humain. L'expérience montre même que nous sommes à peu près tous incapables de le faire.
C'est trop difficile. C'est au-delà de notre volonté (je vais expliquer pourquoi).
Ce n'est donc pas le régime qui échoue : c'est nous qui échouons à suivre le régime.
Mais ce n'est pas de notre faute : quel que soit notre désir de maigrir, notre cerveau n'est jamais assez fort pour nous dissuader pendant des semaines ou des mois de manger les choses qui nous font plaisir.
Pourquoi faire un régime est si difficile
Pour comprendre pourquoi faire un régime est si difficile, il faut saisir un mécanisme de base dans le fonctionnement du cerveau.
Lorsque vous faites certaines choses qui sont en principe bonnes pour la survie de l'espèce, comme le sexe ou manger des aliments très caloriques, votre cerveau produit de la dopamine, le neurotransmetteur du plaisir. La dopamine inonde une partie de votre cerveau appelée Nucleus Accumbens, provoquant un intense sentiment de plaisir et de satisfaction.
Dès le plus jeune âge, nous apprenons à répéter les expériences qui ont produit cette décharge de dopamine sur notre Nucleus Accumbens, afin de renouveler cette sensation de plaisir. C'est notre système interne de « récompense » (reward system, en anglais).
C'est ainsi que nous sommes construits. Cette capacité a été déterminante dans la survie de notre espèce.
Les choses que nous trouvons dans la nature et qui nous procurent cette récompense (afflux de dopamine) sont en général celles qui augmentent nos chances de survie et de transmettre nos gènes à la génération suivante.
Nous avons été construits comme cela par l'évolution.
Le problème aujourd'hui est que l'homme a été capable de créer et de produire à grande échelle des choses qui nous apportent un sentiment extrêmement puissant de récompense. Bien plus puissant que tout ce qu'on trouve dans la nature.
Dans le domaine alimentaire en particulier, les industriels se livrent une concurrence acharnée à fabriquer le bonbon, le biscuit, le gâteau, le goût et la texture de chips qui provoquera le plus fort afflux de dopamine.
De notre côté, quand nous y avons goûté, nous sommes pour ainsi dire incapables de résister à la tentation de recommencer.
Et tenez-vous bien, ce mécanisme est exactement le même que pour celui des drogues.
Prenez le cas de la cocaïne. Une personne qui sniffe de la cocaïne pour la première fois ressent une sensation extrême de plaisir. La cocaïne est un « super-stimulus ». Elle stimule tellement la production de dopamine, donne une telle sensation de plaisir, que les personnes qui essayent la cocaïne une fois ont une envie presque irrésistible de recommencer.
C'est pourquoi ce produit est si dangereux, et pourquoi il est si important d'expliquer aux enfants de ne jamais essayer, même « une fois pour voir ».
Toutefois, l'afflux massif de dopamine « use » les récepteurs de dopamine dans le Nucleus Accumbens. C'est ce qu'on appelle la « tolérance », et c'est la raison pour laquelle les drogués ont besoin de doses sans cesse plus importantes pour obtenir le même effet.
Lorsqu'un drogué est en manque, le manque de dopamine dans son cerveau provoque un sentiment profond de dépression, de souffrance. De même lorsque le cerveau a pris l'habitude de « tenir le coup » grâce à des afflux massifs ou permanents (grignotage de cochonneries) de glucose.
En effet, chips, bonbons, sodas, gâteaux, sucreries chocolatées passent à grande vitesse dans le sang sous forme de glucose, et provoquent un afflux de dopamine sur notre Nucleus Accumbens.
C'est ainsi que l'on devient « accro » aux choses. Le glucose, la nicotine, l'alcool, la cocaïne, l'ecstasy et l'héroïne fonctionnent de la même façon. La vie paraît morne ou même insupportable aux personnes qui sont privées de leur substance addictive.
Pour les personnes qui ont une tendance à rechercher ce type de satisfaction (les psychologues parlent aujourd'hui de « personnalités addictives »), cette dépendance physique devient obsessionnelle.
L'effet du glucose n'est évidemment pas aussi puissant que celui de l'héroïne, mais il est tout de même très fort.
Tellement fort que, sans même vous en apercevoir, vous finissez ce paquet de M&M's, de Pringles, ces glaces ou ces bonbons alors que, quand vous aviez ouvert le paquet, vous vous étiez juré que vous n'en mangeriez qu'un seul.
La solution
La solution, pour les personnes qui ont un problème avec la nourriture, c'est de se considérer elles-mêmes comme si elles étaient droguées, fumeuses, alcooliques.
Je force bien sûr le trait. Mais au fond, c'est cela.
Et tout comme un drogué, un fumeur, un alcoolique, il faut comprendre que la seule façon d'aller mieux est d'arrêter complètement.
Votre but n'est absolument pas, dans un premier temps, d'essayer de maigrir.
Oubliez les calories. Oubliez la balance. Je ne vais pas dire « oubliez votre silhouette et vos bourrelets » car c'est utopique mais, dans l'idéal, il faudrait même ne plus y penser.
Votre but n'est pas de maigrir, mais de manger uniquement des produits sains, pour perdre votre « addiction » aux cochonneries, ce que les Anglais appellent « junk food » (nourriture poubelle).
Mettez toute votre énergie, votre temps, votre argent, à faire vos courses au marché, au supermarché, dans les petits commerces alimentaires, les boutiques bio, à la ferme et sur Internet pour bourrer vos étagères de produits sains, de bonne qualité, non transformés.
Bannissez de chez vous toute sucrerie, biscuits d'apéritif, aliments industriels à base de farine blanche (pain de mie, pâtes, brioches, viennoiseries).
Encore une fois : n'essayez surtout pas de maigrir, au moins dans un premier temps. Remplissez-vous le ventre d'aliments sains, les plus frais possible, les moins cuisinés possible, ajoutez des épices, des fines herbes, de l'ail, du sel et du poivre, de l'huile d'olive et du citron, tout ce que vous voulez pour que ce soit bon.
Mangez autant que vous voulez. Mangez jusqu'à ce que vous n'ayez plus faim.
Mais plus de « junk food ». Plus aucune cochonnerie ne doit entrer dans votre bouche.
Le simple fait de manger les bons aliments, ceux qui sont naturels à votre organisme, devrait déjà vous permettre de perdre des kilos.
Si vous avez un gros problème de poids, vous pourrez dans un second temps (en général après 3 mois) envisager aussi de diminuer la quantité de nourriture que vous absorbez, afin de faire en sorte que votre estomac retrouve une taille normale, et que votre mécanisme naturel de régulation de l'appétit se rétablisse, via les hormones de la faim (cycle leptine, ghréline, insuline).
La régulation naturelle de votre appétit reviendra progressivement, toute seule. Et sans même vous en rendre compte, vous recommencerez à manger selon vos besoins physiologiques et, naturellement, vous vous rapprocherez de votre poids idéal.
Mais cette seconde étape ne sera possible et ne portera ses fruits durablement que si vous avez d'abord abandonné votre « addiction » à la « junk food » (nourriture poubelle).
Pas de tentations inutiles
Votre ennemi ne doit plus être les kilos en trop, la cellulite, que sais-je, mais les tentations inutiles.
N'achetez jamais de sucreries. Ne les regardez pas dans les rayons. Si par accident vous en trouvez un paquet à proximité, ne vous dites pas : « Tiens, je vais juste en goûter une ».
Il est beaucoup plus facile de renoncer à manger le premier que d'arrêter une fois qu'on a commencé.
Pensez toujours au drogué. S'il décide d'arrêter, ce n'est pas pour se droguer moins souvent, juste le samedi soir, juste à Noël ou le jour de son anniversaire, juste quand il est avec des amis ou juste pour fêter les bonnes nouvelles.
Non. Il doit arrêter, et ne jamais recommencer. Plus de glaces. Plus de chips. Plus de bonbons. Plus de sodas. Plus de chocolat au lait bourré de sucre. Plus de sucre dans l'armoire.
Ne prévoyez aucune exception.
La douloureuse question du grignotage
C'est exactement la même chose pour le grignotage.
Surtout, n'essayez pas d'arrêter de grignoter !
Cela ne fera que renforcer votre envie.
Grignoter n'est pas simplement un plaisir : les petits plaisirs du grignotage sont un besoin vital pour nous aider à affronter la dureté de la vie, les déceptions, les trahisons, les coups du dur, les échecs.
C'est un moyen de nous apporter le petit bonheur dont nous avons besoin pour tenir.
La règle n'est donc pas : arrêtez de grignoter.
La règle est : arrêtez de grignoter des sucreries, des biscuits d'apéritif, des gâteaux et des tartines de confiture.
Mangez des noix, mangez un œuf dur, mangez même du chocolat noir (à plus de 70 % de cacao), mangez un avocat, mangez une sardine à l'huile, croquez une carotte, du céleri, du concombre, une pomme, de la salade avec de l'huile d'olive et du citron ou du vinaigre, sel, poivre, ail, une cuisse de poulet, tout ce qu'il faut pour que ce soit bon !
Mais de grâce, pas de chips, pas de Mars, pas de boissons sucrées, pas de saletés.
Le vrai plaisir de la vie retrouvé
Il faut bien réaliser que, comme pour la drogue, le « plaisir » que nous apporte le glucose est un plaisir artificiel. Ce n'est pas un vrai plaisir, durable, qui rend heureux sur le long terme.
Sur le coup, lorsque vous avalez votre plaquette de chocolat au lait, cela fait plaisir, mais si vous vous observez attentivement, vous vous apercevrez que, après coup, vous vous sentez comme une crêpe, quand vous n’êtes pas carrément habité par un terrible sentiment d'échec et de culpabilité.
Là encore, il y a des raisons physiologiques : les sucreries font monter d'un coup votre taux de sucre sanguin, entraînant une hausse de votre niveau d'insuline. L'insuline évacue le sucre en excès dans le sang, en le stockant dans les cellules sous forme de graisses.
Cela fait baisser fortement votre taux de sucre sanguin, et votre niveau d'insuline et de dopamine baisse. Vous vous sentez mou, fatigué, démoralisé.
De plus, les sucreries provoquent une sensation bien connue d'écœurement. Cela veut dire que, si l'on vous met ensuite devant un bon repas, vous n'avez plus vraiment envie de manger, ou du moins, le plaisir de manger sera fortement diminué.
Quitter son addiction au glucose n'est donc absolument pas une punition.
Le fait que cela entraîne une perte de poids n'est que le premier d'une longue liste d'avantages.
Vous réduisez bien sûr aussi votre risque de la plupart des maladies.
Mais surtout, vous redécouvrez le bonheur, réel et durable, de manger de bons aliments, dans les goûts les plus variés, selon toute la gamme des saveurs, les mélanges et les accords les plus subtils et les plus plaisants, sans culpabilité.
Les « plaisirs de la table » étant parmi les plus variés et riches inventés par l'être humain, à travers toutes les cultures, c'est aussi la promesse d'un voyage passionnant. Et qui se renouvelle tous les jours, trois fois par jour !
Je vous invite à partager votre expérience ici. Merci de votre aide !
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis
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Sources :
[1] Morning Banana Diet Rules
[2] Water & Peanut Diet
[3] Les prétendus dangers du régime Dukan ont été inventés de toutes pièces par des concurrents jaloux. Privilégier les protéines, comme il le recommande, ne provoque aucun problème de reins, sauf en cas d’insuffisance rénale déjà existante. En plus, le régime Dukan ne prévoit un régime hyperprotéiné que pendant les quelques jours de la « phase d'attaque », au départ. Même chose pour le régime Atkins (pauvre en glucides) qui a été accusé de donner des maladies cardiaques. On sait aujourd'hui que c'est faux.
Les informations de cette lettre d'information sont publiées à titre purement informatif et ne peuvent être considérées comme des conseils médicaux personnalisés. Aucun traitement ne devrait être entrepris en se basant uniquement sur le contenu de cette lettre, et il est fortement recommandé au lecteur de consulter des professionnels de santé dûment homologués auprès des autorités sanitaires pour toute question relative à leur santé et leur bien-être. L’éditeur n’est pas un fournisseur de soins médicaux homologués. L’éditeur de cette lettre d'information ne pratique à aucun titre la médecine lui-même, ni aucune autre profession thérapeutique, et s’interdit formellement d’entrer dans une relation de praticien de santé vis-à-vis de malades avec ses lecteurs. Aucune des informations ou de produits mentionnés sur ce site ne sont destinés à diagnostiquer, traiter, atténuer ou guérir une maladie.
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