nulle contrainte en religion
Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux. Que la prière et bénédiction soient sur son messager, Mohammad, le dernier des prophètes. Amin
La réponse à cela est que le jihad, selon la loi islamique, peut être mené pour plusieurs raisons, et que contraindre les gens à accepter l’islam ne fait pas partie de ces raisons.
Au départ, le jihad a été autorisé afin que les musulmans puissent se défendre contre les persécutions qu’ils subissaient et contre les gens qui les expulsaient de leurs domiciles.
Allah dit : « Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués de se défendre, parce que vraiment ils sont lésés. Et Allah est certes capable de les secourir. Ce sont ceux qui ont été expulsés de leurs demeures, contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient : « Allah est notre Seigneur ». Si Allah ne repoussait pas certaines personnes par d’autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent Sa religion. Allah est assurément Fort et Puissant. » (Coran, 22:39-40)
Parmi les premiers savants musulmans, plusieurs s’accordent sur le fait que les versets susmentionnés ont été les premiers à être révélés au sujet du jihad. Par la suite, les versets suivants ont été révélés :
« Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes, Allah n’aime pas les transgresseurs ! Et tuez-les, où que vous les rencontriez ; et chassez-les d’où ils vous ont chassés. L’association est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas près de la Mosquée sacrée avant qu’ils ne vous y aient combattus. S’ils vous y combattent, tuez-les donc. Telle est la rétribution des mécréants. S’ils cessent, Allah est, certes, Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran, 2:190-3)
À partir de ce moment, la notion de jihad fut élargie : de purement défensif (contre des attaques directes), il devint une résistance à ceux qui tentaient d’étouffer l’islam et qui refusaient aux gens la liberté de choisir eux-mêmes leur religion. Cette nouvelle législation ne vint qu’au moment où les musulmans étaient en position de l’appliquer, car en période d’oppression, ils n’avaient la possibilité que de se défendre contre les attaques directes.
Pour ce qui est de la propagation de l’islam, elle est censée se faire de façon pacifique, oralement ou par écrit. Il n’y a pas de place pour l’utilisation d’armes dans le but de forcer les gens à embrasser l’islam. Les armes ne peuvent être utilisées que contre ceux qui persécutent ou oppriment les autres et qui les empêchent d’agir selon leur conscience en matière de religion. Les musulmans ne peuvent rester les bras croisés tandis que des gens se voient refuser le droit de croire à l’islam et de s’exprimer librement. C’est ce qu’Allah entend lorsqu’Il dit : « Et combattez-les jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de persécution et que la religion soit entièrement à Allah. » (Coran, 2:193)
Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) avait écrit, dans sa lettre au gouverneur romain de l’époque, Héraclès : « Je vous invite à embrasser l’islam. Si vous acceptez, vous serez en sécurité. Si vous embrassez l’islam, Allah vous donnera une double récompense [une pour avoir cru en la chrétienté et une pour avoir cru en l’islam (N.d.T.)]. Mais si vous vous détournez, vous porterez le poids des péchés de vos sujets. » (Sahih Boukhari et Sahih Mouslim)
Une fois que les gens ont reçu le Message et que les preuves leur ont été apportées, le devoir du musulman est accompli. Ceux qui souhaitent y croire sont libres de le faire et ceux qui préfèrent poursuivre sur la voie de la mécréance sont tout aussi libres de le faire.
Même lorsque les musulmans sont forcés de se battre et qu’à l’issue de la bataille, ils se retrouvent en position de domination dans un pays, leur devoir est d’y établir la loi d’Allah et de faire régner la justice pour tous, musulmans comme non-musulmans. Ils n’ont aucun droit de contraindre leurs sujets à accepter l’islam. Les non-musulmans vivant sous un régime islamique doivent être libres de suivre leur propre religion et de la pratiquer, tout en respectant, cependant, les lois du pays.
Si le but du jihad avait été de contraindre les mécréants à accepter l’islam, le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) n’aurait jamais ordonné aux musulmans de cesser les hostilités si l’ennemi se laissait fléchir, et il n’aurait pas interdit de tuer les femmes et les enfants.
Au cours d’une bataille, le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) vit un groupe de gens rassemblés. Il envoya un de ses hommes voir ce qui se passait. L’homme revint et lui dit : « Ils sont rassemblés autour d’une femme qui a été tuée. » Alors le Messager d’Allah (sallallahu ‘alayhi wa sallam) dit : « Jamais elle n’aurait dû être attaquée ! » Khalid bin al-Walid dirigeait l’armée ; le Prophète lui dépêcha un homme en lui disant : « Dit à Khalid que j’interdis de tuer les femmes et les ouvriers. » (Sounan Abou Daoud)
Donc même dans le feu du combat contre un ennemi acharné, les seules personnes que les musulmans ont le droit d’attaquer sont celles qui participent activement à la bataille.
Si le but du jihad était de forcer les mécréants à accepter l’islam, les premiers califes n’auraient pas interdit le meurtre des prêtres et des moines qui s’abstenaient toujours de se battre. Lorsque le premier calife, Abou Bakr, envoya une armée en Syrie pour combattre les agressives légions romaines, il rencontra ses hommes, avant leur départ, pour les encourager. Il leur dit : « Vous y trouverez un groupe de personnes qui ont dédié leur vie à l’adoration d’Allah (i.e. des moines) ; laissez-les tranquilles. »
Nous venons de démontrer qu’un principe important en islam est qu’il n’y a pas de contrainte en matière de religion et nous avons discuté des objectifs du jihad. Nous étudierons maintenant certains textes qui sont trop souvent mal interprétés.
L’un d’eux est en fait le verset suivant :
« Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade. Si ensuite ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, alors laissez-leur la voie libre, car Allah est Pardonneur et Miséricordieux. » (Coran, 9:5)
Certaines personnes – surtout des critiques (non-musulmans) contemporains de l’islam – ont tenté de faire croire que ce verset abrogeait le verset : « Nulle contrainte en religion. » Ils avancent que le sens général de ce verset suggère que chaque mécréant qui refuse d’accepter l’islam doit être combattu. Ils soutiennent leurs allégations en faisant remarquer que ce verset est l’un des derniers versets à être révélés concernant le jihad.
Cependant, ce verset n’abroge d’aucune façon le principe islamique voulant qu’il n’y ait aucune contrainte en religion. Certes, son sens peut paraître général, mais sa véritable signification est beaucoup plus particulière compte tenu d’autres versets du Coran qui s’y rapportent ainsi que d’un certain nombre de ahadith.
Les gens auxquels fait allusion ce verset sont les païens arabes qui avaient déclenché une guerre contre le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) et qui avaient rompu leurs traités avec lui. Ce verset ne vise d’aucune façon les autres païens arabes, c’est-à-dire ceux qui n’ont jamais rompu leurs traités avec les musulmans et qui ne sont jamais entrés en guerre contre eux. Et il ne vise certainement pas, non plus, les juifs et les chrétiens, et encore moins les païens vivant à l’extérieur de l’Arabie.
Si nous considérons les versets qui le précèdent et le suivent, le contexte de ce verset devient plus clair.
Quelques versets avant celui dont nous discutons, Allah dit :
« Désaveu de la part d’Allah et de Son Messager à l’égard des associateurs avec qui vous avez conclu un pacte. Parcourez la terre durant quatre mois ; et sachez que vous ne réduirez pas Allah à l’impuissance et qu’Allah couvre d’ignominie les mécréants. » (Coran, 9:1-2)
Ces versets nous apprennent qu’une amnistie de quatre mois avait été accordée aux païens, à l’issue de laquelle les combats allaient reprendre. Mais deux versets plus loin, nous apprenons également que certains seront épargnés lors de la reprise des hostilités. Allah dit :
« À l’exception des associateurs avec lesquels vous avez conclu un pacte et qui n’ont pas le moindrement trahi ce pacte et n’ont soutenu personne (dans une lutte) contre vous ; respectez pleinement le pacte conclu avec eux jusqu’au terme convenu. Allah aime les pieux. » (Coran, 9:4)
Donc lorsqu’Allah dit : « Après que les mois sacrés expirent, tuez les associateurs où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade », nous devons comprendre que le sens n’est pas général, puisque le verset 4 se rapporte aux païens arabes qui sont en guerre avec le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) et à ceux qui ont rompu leurs traités de paix.
Cela est d’ailleurs souligné plus loin, dans un verset où Allah dit :
« Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager, alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers ? » (Coran, 9:13)
Allah dit également, tout juste après le verset dont nous discutons :
« Comment y aurait-il pour les associateurs un pacte admis par Allah et par Son messager ? À l’exception de ceux avec qui vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu’ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Allah aime les pieux. » (Coran, 9:7)
Un autre texte qui est souvent mal interprété est le hadith où le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) dit : « Il m’a été ordonné de combattre les gens jusqu’à ce qu’ils attestent qu’il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah et que je suis Son messager. S’ils se soumettent, alors leur sang et leurs biens sont inviolables, sauf dans l’exercice de la justice ; et leur compte sera entre les mains d’Allah.” (Sahih Boukhari et Sahih Mouslim)
Il ne peut y avoir aucun doute quant à l’authenticité de ce hadith ; il est rapporté à la fois dans Boukhari et dans Mouslim. Cependant, il ne doit pas être pris au sens général, hors contexte, et sans tenir compte des autres textes qui en précisent ou en complètent la signification.
Le terme « gens », ici, ne fait pas allusion à toute l’humanité. Ibn Taymiyah a dit : « Cela fait référence au fait de combattre ceux qui nous déclarent la guerre et qu’Allah nous a donc permis de combattre. Cela ne fait aucunement référence à ceux qui ont conclu un traité (de paix) avec nous, traité qu’Allah nous ordonne de respecter. » (Majmou al-Fatawa (19/20)
L’islam ordonne aux musulmans d’être justes envers les gens des autres religions, qu’ils soient juifs, chrétiens ou païens. L’islam nous demande de les traiter avec égard tant qu’ils ne qu’ils ne nous attaquent pas.
Allah dit : « Allah ne vous défend pas d’être bienfaisants et équitables envers ceux qui ne vous ont pas combattus pour votre religion et ne vous ont pas chassés de vos demeures. Car Allah aime les équitables. » (Coran, 60:8)
Allah ordonne aux musulmans de respecter leurs parents non-musulmans et de se comporter envers eux de la meilleure manière qui soit. Le Coran nous invite à discuter avec eux avec les meilleures paroles.
Allah dit : « Et ne discutez que de la meilleure façon avec les gens du Livre, sauf ceux d’entre eux qui sont injustes. Et dites : « Nous croyons en ce qu’on a fait descendre vers nous, tandis que notre Dieu et votre Dieu est le même. Et c’est à Lui que nous nous soumettons. » (Coran, 29:46)
Nous sommes obligés de respecter tout pacte que nous avons conclu avec les non-musulmans et il nous est strictement interdit de les trahir ou de leur nuire. Le Prophète (sallallahu ‘alayhi wa sallam) nous a sévèrement averti de ne jamais tuer un non-musulman auquel nous sommes liés par un traité de paix. Il a dit : « Quiconque tue une personne avec laquelle nous avons fait un pacte ne sentira même pas l’odeur du Paradis. » (Sahih Mouslim)
La foi d’un musulman demeure incomplète jusqu’à ce qu’il croie à tous les prophètes qui ont été envoyés aux hommes.
Allah dit : « Ô les croyants ! Soyez fermes en votre foi en Allah, en Son messager, au Livre qu’Il a fait descendre sur Son messager, et au Livre qu’Il a fait descendre avant. Quiconque ne croit pas en Allah, en Ses anges, en Ses Livres, en Ses messagers et au Jour dernier s’égare, très loin dans l’égarement. » (Coran, 4:136)
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