Shaykh Abdallah Ibn Sâlih Al-‘Ubaylân As-Shâtibî a dit : « Les gens ont divergé sur le sens de Al-Jamâ’ah dans les hadiths, en cinq avis. Al-Jamâ’ah désigne ainsi :
Shaykh Abdallah Ibn Sâlih Al-‘Ubaylân
As-Shâtibî a dit : « Les gens ont divergé sur le sens de Al-Jamâ’ah dans les hadiths, en cinq avis. Al-Jamâ’ah désigne ainsi :
1 – La grande majorité des musulmans (As-Sawâd Al-Acdham)
2 – Les imams et grands savants de l’islam ayant atteint le rang de Al-Ijtihâd
3 – Spécifiquement les Compagnons
4 – Le rassemblement des musulmans sur une chose qui implique la nécessité aux autres musulmans de les suivre en cela. (As-Shâtibî n’a attribué cet avis à personne, ce qui montre sa grande faiblesse)
5 – La réunion des musulmans autour d’un gouverneur. Ainsi le Prophète (salallahu ‘laayhi wasalam) a ordonné de s’attacher à ce groupe et a interdit de se séparer du premier groupe formé autour d’un gouverneur. Et c’est l’avis de l’imam At-Tabarî.
En résumé, les propos des savants sur le sens de Al-Jamâ’ah réunissant l’ensemble des Textes s’articulent autour de deux points :
1 – Al-Jamâ’ah qui désigne la croyance et les actes sur lesquels se sont unis le Prophète (salallahu a‘layhi wasalam) et les Compagnons. Ainsi, lorsqu’ils l’ont interrogé à propos du groupe sauvé, il répondit : « C’est Al-Jamâ’ah. » (Ibn Mâjah), et c’est aussi le sens de sa parole : « Accrochez-vous tous ensemble au Câble (Habl) d’Allah. » On voit ainsi que les sectes, les groupes et les partis sont sortis du sens de Al-Jamâ’ah, l’union des musulmans. Leur croyance n’est pas celle du Prophète (salallahu a‘layhi wasalam), et la voie qu’ils suivent n’est pas la sienne, ils ont donc divergé de lui. Certains se sont enfoncés dans cette divergence, et d’autres ont un degré moindre, mais celui qui divergent de Al-Jamâ’ah en une chose ne compte pas parmi eux, comme le dit le Prophète : « Je vous devancerai au Bassin, et celui qui viendra jusqu’à moi boira, et celui qui boira ne connaîtra plus jamais la soif. On m’amènera des gens que je connais et qui me connaissent, puis on mettra un obstacle entre eux et moi. Je dirai alors : ils sont des miens, mais on me répondra : « Tu ne sais pas ce qu’ils ont fait après toi. » Je répondrai alors : qu’ils soient éloignés. » Ces gens sont donc musulmans, mais ils seront écartés du bassin du Prophète (salallahu ‘laayhi wasalam) car ils ont divergé de lui dans sa croyance, ses œuvres et sa voie qu’Allah a révélées sur son cœur afin qu’il les suivent.
2 – Al-Jamâ’ah qui désigne la réunion des musulmans autour d’un seul gouverneur, et la preuve en est la parole du Prophète (salallahu a‘layhi wasalam) : « Trois choses ne feront pas trébucher le cœur du musulman : la sincérité des œuvres vis-à-vis d’Allah, le conseil donné aux gouverneurs musulmans et l’attachement au groupe des musulmans. » (Ibn Mâjah) Ainsi, on comprend qu’on ne peut atteindre la perfection et la complétude du premier sens de Al-Jamâ’ah si ce n’est en réalisant son deuxième sens. En d’autres termes : les musulmans ne peuvent avoir la force, la suprématie et la victoire qu’en se réunissant autour d’un imam. Ainsi, selon le premier sens, tu peux être Al-Jamâ’ah à toi tout seul, car tu seras sur ce quoi était le Prophète (salallahu a‘layhi wasalam) et ses Compagnons, mais tu ne peux réaliser de la sorte le deuxième sens de Al-Jamâ’ah, car tu n’auras jamais la suprématie et la victoire à toi seul. C’est la raison pour laquelle le Prophète (salallahu a‘layhi wasalam) a tellement insisté sur l’attachement à cette deuxième Jamâ’ah qui est la réunion des gens autour d’un imam. Ainsi, le Prophète (salallahu a‘layhi wasalam) a ordonné aux musulmans de patienter sur l’injustice et l’avidité des gouverneurs lorsqu’il dit : « Donnez-leur leurs droits et demandez à Allah les vôtres » on dit : « Et si ces gouverneurs prennent leur droit sur nous et nous refusent notre droit sur eux, devons-nous les combattre ? » Il dit : « Non, ils auront leurs œuvres et vous les vôtres. » (Al-Bukhârî) Il leur a ainsi interdit de se révolter contre le gouverneur, car il y a dans le rassemblement des musulmans autour d’un seul gouverneur des bienfaits qui dépassent de loin les maux que ce gouverneur peut leur faire subir.
C’est pourquoi il nous faut avertir contre ces propagandes qui appellent aujourd’hui à la démocratie et qui sont reprises par de nombreux prêcheurs. Ainsi ils disent : « Aujourd’hui la démocratie est meilleure pour les peuples musulmans, car ces peuples sont aujourd’hui oppressés. Le dirigeant gouverne par ce qu’il veut et non par la Loi d’Allah. » Ils prétendent donc que la démocratie est meilleure et de moindre mal que le despotisme de nombreux gouverneurs. C’est là une erreur très grave et une ignorance de leur part des réels moyens de rectitude que doivent emprunter les savants de la communauté. Fait-il partie des moyens de rectification que d’emprunter les voies occidentales pour réformer la situation de la Communauté ? Est-ce la voie qu’Allah a ordonné d’emprunter ?
Quel est le sens de la démocratie ? Parmi ses acceptions : le pouvoir du peuple par le peuple, et c’est là une mécréance en Allah (Kufr billah). Le peuple met en place une constitution et juge de lui-même à travers elles, et c’est là revenir au jugement du Tâghût. D’autre part, cela fait disparaître le droit d’Allah sur Ses serviteurs, car juger par la démocratie revient à délaisser le retour vers Allah et le jugement par le Coran et la Sunna. Ainsi, il n’y aurait aucune différence entre le chiite, le musulman, le juif ou le chrétien, et ainsi le droit d’Allah sur Ses serviteurs disparaît.
Qu’est-ce qui leur a plut dans la démocratie ? Ils disent : « Elle se différencie par le fait que le gouverneur ne reste pas indéfiniment au pouvoir, il gouverne un temps puis un autre vient, et de cette manière il ne peut s’accaparer les biens. » Ils ne font que regarder ce qui se rapporte au pouvoir, l’argent et ce qui s’y rapporte, sans jamais accorder un quelconque intérêt au droit d’Allah. Et cette vision est partagée par les laïcs et ceux qui se revendiquent des groupes musulmans.
L’islam est venu délimiter les droits des gouverneurs et des gouvernés d’une manière incompatible avec la démocratie actuelle qui ne juge pas par l’islam. En islam il n’y a pas de temps limité pendant lequel le gouverneur reste au pouvoir. Depuis les premiers temps de l’islam, le pouvoir est transmis, et Allah commande au gouverneur d’être équitable envers ses administrés.
Il faut aussi indiquer que la rectitude des sociétés musulmanes n’est pas conditionnée par la seule rectitude du gouverneur, mais également par la rectitude des administrés. Le gouverneur n’est qu’un individu tiré de la société dans laquelle il vit, ainsi si la société est pieuse, le gouverneur sera à son image, mais si la majorité de la société est perverse, le gouverneur sera à son image. Allah dit :
« Ainsi accordons-Nous à certains injustes l’autorité sur d’autres à cause de ce qu’ils ont acquis. » (Al-An’âm : 129)
Certains pieux prédécesseurs ont dit : « vous serez gouvernés de la manière dont vous agissez. » La réforme sociale et économique de la Communauté est conditionnée par des moyens légiférés, et c’est ainsi que se réalise la volonté universelle d’Allah qui dit :
« Allah ne modifie point l’état d’un peuple, tant qu’ils ne changent pas ce qui est en eux-mêmes. » (Ar-Ra’d : 11)
« S’ils avaient fait ce à quoi on les exhortait, cela aurait été meilleur pour eux, et cela les aurait raffermis. » (An-Nisâ’ : 66)
« Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement accordé des bénédictions du ciel et de la terre. » (Al-A’râf : 96)
Et Il dit à propos de Pharaon : « Ainsi il détourna son peuple vers l’égarement et [ainsi] lui obéirent-ils car ils étaient des gens pervers. » (Az-Zukhruf : 54) Il ne les aurait pas égarés s’ils avaient été pieux. Ainsi, le fait que la société musulmane applique les commandements d’Allah est la meilleure garantie que le gouverneur applique la législation d’Allah et qu’il soit juste envers eux. Lorsque nous disons que l’islam convient à tout lieu et à toute époque, cela ne veut pas dire qu’il convient à toutes les sociétés. Car l’islam ne peut convenir aux sociétés humaines que si celles-ci acceptent l’islam et qu’elles adoptent ses croyances, sa législation et son organisation de la vie, et non pas uniquement en adoptant et en enseignant sa culture et des modes de vie.
Source : An-Nubadh ‘alâ sharh As-Sunnah, p.23-27
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