verset 41 sourate "an-nahl"les abeilles
« Or la maison la plus fragile est celle de l’araignée. Si seulement ils savaient! » (TSC[1], Al-‘Ankaboût ‘L’araignée’: 41)
Ce verset est tiré du début de la deuxième partie de la sourate « L’araignée », une sourate révélée à La Mecque, et qui compte 69 versets après la basmallah[2]. Elle tire son titre d’une parabole figurant dans l’un de ses versets, comparant les infidèles et les associateurs qui ont recours à des protecteurs autres qu’Allah, à l’araignée qui cherche refuge dans sa toile qui est la maison la plus fragile qui soit. L’araignée n’est mentionnée qu’à cet endroit dans le Coran.
Le thème principal de cette sourate est celui de la foi, et du prix que les croyants doivent parfois payer à cause de leur ferme attachement à la religion d’Allah et du fait qu’ils invitent autrui à embrasser cette religion. Il s’agit des conséquences de la lutte inévitable entre le faux et ses partisans, et la vérité et ses défenseurs. Et pour illustrer cette loi propre à cette vie sur Terre, la sourate relate les histoires de certains prophètes et messagers d’Allah, et les obstacles qu’ils rencontrèrent pour avoir invité à embrasser la religion d’Allah. La sourate présente également des personnages et des communautés qui ont fait preuve d’injustice et d’arrogance, et raconte comment elles furent saisies pour leurs péchés. La sourate montre la bassesse des infidèles et des associateurs, et les prend en exemple. Elle établit une relation entre la vérité dans la religion d’Allah et la vérité dans les cieux et sur Terre. Elle insiste sur l’unicité d’Allah (qu’Il soit exalté), l’unicité des messages divins, et invite les croyants à s’accrocher fermement à leur foi ou à émigrer avec leur religion en temps d’impiété. La sourate insiste également sur la grande valeur du djihad et de ceux qui luttent dans le sentier d’Allah, ainsi que sur la nécessité des épreuves, sur la responsabilité individuelle, et sur le fait que chaque individu assume les conséquences de ses actions. La sourate parle du sort des croyants, de celui des hypocrites et des infidèles, et conclut en annonçant la bonne nouvelle à ceux qui luttent dans le sentier d’Allah et par l’annonce qu’Allah les soutient.
1. Parmi les signes cosmiques dans la sourate « L’araignée » :
- L’indication que c’est Allah (qu’Il soit exalté) qui commence la création et qui ensuite la recommence, et que cela est chose facile pour Allah. Et nous trouvons une réplique de ceci dans : le cycle de la vie et de la mort qui se répète, par la reproduction continuelle aussi longtemps qu’Allah le veut ; de même que dans le cycle de création des corps célestes et leur disparition en fumée cosmique, puis leur création à nouveau à partir de ce gaz par la volonté divine ; de même le cycle de l’eau autour de la Terre, le cycle des roches, les cycles de formation de la surface terrestre, les cycles de création de la matière et de l’énergie et leur échange, leur disparition, et leur création à nouveau en d’autres cycles.
- La mention du fait que parcourir la Terre et explorer ses roches et les vestiges de vie qui s’y trouvent est un moyen pour l’homme de connaître l’histoire de la Terre, et de comprendre le début de la création. Et c’est effectivement ce qu’ont démontré les études dans le domaine de la géologie.
- La mention que la création de la génération ultime après la destruction de l’univers se produira de la même façon que la première création, et suivra la même ordonnance.
- La mention que la toile d’araignée est la maison la plus fragile qui soit, à la fois sur le plan matériel et sur le plan moral. Et c’est ce qu’ont confirmé les études récentes en zoologie portant sur les animaux terrestres.
- La sourate compte également de nombreuses références historiques et psychologiques qui sont du ressort des sciences mais qui ne font pas partie de notre contexte relatif à l’étude des signes cosmiques dans le Coran.
Chacune de ces vérités mérite d’être traitée à part. J’aborderai ici la question de la fragilité de la maison de l’araignée qu’Allah utilise dans la parabole qui figure au verset 41 de la sourate « L’araignée ». Mais tout d’abord, il convient d’exposer brièvement les paroles de certains exégètes à propos de la signification du verset coranique.
2. Interprétation des exégètes: verset 41 de la sourate « L’araignée »
{Ceux qui ont pris des protecteurs en dehors d’Allah ressemblent à l’araignée qui s’est donnée maison. Or la maison la plus fragile est celle de l’araignée. Si seulement ils savaient! } (TSC, Al-‘Ankaboût ‘L’araignée’: 41)
- Ibn Kathîr (qu’Allah lui accorde Sa miséricorde) mentionne en résumé : C’est une parabole qu’Allah (qu’Il soit exalté) propose au sujet des associateurs qui associent à Allah des dieux auxquels ils demandent la victoire et la subsistance, et auxquels ils sont très attachés lorsqu’un malheur les frappe. Ces dieux et la maison de l’araignée sont semblables par leur faiblesse et leur fragilité. Car espérer obtenir quelque chose de ces dieux est aussi vain que de s’accrocher à la toile d’une araignée, cela ne sert à rien. Et s’ils savaient ceci, les associateurs n’auraient pas associé de dieux à Allah. En revanche, le musulman croyant dont le cœur est avec Allah, et qui en même temps fait de son mieux pour suivre la loi islamique, saisit l’anse la plus solide, qui ne peut se briser, car elle est forte et ferme…
- Dans l’exégèse Al-Jalaleïn, (qu’Allah accorde Sa miséricorde à ses deux auteurs), figurent l’étude et le commentaire du Cheikh Mohammed Kan’ân (qu’Allah le récompense en bien) : (Ceux qui ont pris des protecteurs en dehors d’Allah), des statues idoles dont ils espèrent un bienfait, (ressemblent à l’araignée qui s’est donnée maison.) une maison pour elle-même comme refuge, (la maison la plus fragile), la plus faible, elle ne protége ni de la chaleur, ni du froid, tout comme les statues qui ne sont utiles en rien à ceux qui les adorent comme des dieux, (Si seulement ils savaient!), ils ne les auraient pas adorées comme des dieux.
- Dans un extrait de Ŝafouah li bayân li ma’ânî al-qur’ân , son auteur (qu’Allah lui accorde Sa miséricorde) note : (Ceux qui ont pris des protecteurs en dehors d’Allah ressemblent…), c’est à dire ceux qui prennent les statues comme dieu, leur rendent un culte, comptent sur elles, et leur demandent bienfaits et protection, ressemblent à l’araignée qui prend une maison fragile, maison qu’elle a elle-même tissée et ne protége ni de la chaleur, ni du froid, ni de la pluie ni des dangers. Et l’araignée est une petite bête bien connue qui tisse une toile lâche flottant dans l’air. Et le mot arabe ‘ankaboût (qui signifie araignée) se dit pour une seule araignée ou plusieurs, le mâle ou la femelle, mais le plus souvent est féminin. Et les deux dernières lettres de ‘ankaboût sont un suffixe comme dans le mot Ťâghoût. Le pluriel est ‘anâkib et ‘anâkîb.
- Les auteurs du Muntakhab fi tafsîr al-qur’ân al-karîm (qu’Allah les récompense en bien) notent : Ceux qui s’en remettent à autre qu’Allah ressemblent par leur faiblesse, leur fragilité et leur confiance en ce qui n’en est pas digne, à l’araignée qui prend comme refuge la maison la plus fragile qui soit et la moins apte à être un refuge. Et si ces ignorants avaient quelque science et sagesse, ils ne feraient pas cela.
L’araignée d’un point de vue scientifique
L’araignée est un animal de l’embranchement des arthropodes, de la classe des arachnides qui comprend à la fois l’ordre des araignées et d’autres ordres dont l’ordre des scorpions, des limules et des tiques.
Le corps de l’araignée est composé d’une partie antérieure segmentée comprenant la tête et le thorax soudés, et une partie postérieure non segmentée constituée de l’abdomen. La partie antérieure comporte quatre paires de pattes, une paire de pédipalpes et une paire de chélicères en forme de pinces ou de crochets contenant des glandes vénéneuses. La partie antérieure du corps est séparée de la partie postérieure par un rétrécissement du corps, le pédicelle.
L’araignée a des yeux primitifs, au nombre variable qui peut aller jusqu'à huit. C’est un prédateur qui se nourrit d’insectes. Son épiderme est recouvert d’une cuticule rigide épaisse couverte de poils, qui mue sept à huit fois avant d’atteindre la maturité. Les zoologistes connaissent aujourd’hui plus de 30 000 sortes d’araignée qui se distinguent les unes des autres par des différences de taille (de moins d’un millimètre à 90 millimètres), de forme et de couleur. La plupart d’entre elles vit sur la terre, solitairement en général, sauf aux moments de l’accouplement et de l’éclosion des œufs. L’habitat de l’araignée s’étend du niveau de la mer jusqu'à 5 000 mètres d’altitude. L’araignée possède trois paires d’excroissances mobiles sous l’abdomen qui sont perforées de minuscules orifices, les filières, d’où s’écoule le liquide grâce auquel elle tisse les fils de la toile qu’elle habite. Cette substance liquide qui provient d’un certain nombre de glandes spécialisées, sort du corps de l’araignée par les filières du postérieur, et sèche aussitôt qu’elle se retrouve à l’air pour produire différentes sortes de fils, de longueur et solidité variables, selon les glandes qui les ont secrétés.
L’araignée demeure dans sa toile où elle s’emploie à toutes ses activités. Elle prend parfois une cachette en dehors de sa toile, reliée à la toile par un fil appelé fil du piège. En cas de danger, cette cachette lui sert d’abri.
3. Indications scientifiques de ce verset :
- La mention de l’araignée au singulier
Le dictionnaire Lissân al-‘arab mentionne au terme ‘ankab que al- ‘ankaboût est une petite bête qui tisse dans l’air et sur les margelles des puits une toile fine et lâche; c’est un mot féminin, et a peut-être été mentionné dans un poème. La maison de l’araignée est appelée al-‘akdbah. Al-Farra’ a dit : al- ‘ankaboût est féminin, et masculin pour certains parmi les arabes ; le pluriel est al-‘ankaboûtât, et al-‘anâkib, et al-‘anâkîb. Son diminutif est ‘anîkb, et dans la langue yéménite ‘aknbâh ou ‘ankbâ’ et ‘ankboûh. Sibaouîh a dit : ‘ankbâ’ montre l’ajout du ta’ dans ‘ankaboût. Et je ne sais pas si le nom est singulier ou pluriel. Ibn ‘arabî a dit : al- ‘ankab est masculin, et al- ‘ankabah est féminin. On dit : al- ‘ankab est le genre des araignées et al- ‘ankaboût est masculin ou féminin. Al- moubarad a dit : al- ‘ankaboût est féminin ou masculin. L’opinion la plus répandue est que al- ‘ankaboût désigne un nom féminin singulier, et son pluriel est al-‘anâkib.
Le titre de la sourate mentionnant l’araignée au singulier, est une allusion au fait que cette petite bête vit solitaire, à l’exception de la période de l’accouplement, et aux moments de l’éclosion des œufs. En revanche les deux sourates « Les abeilles » et « Les fourmis » ont leurs titres au pluriel, en accord avec le fait que ces insectes vivent en société.
- À propos de la partie du verset {l’araignée qui s’est donnée maison.}
Dans ce verset coranique est clairement mentionné le fait que c’est la femelle araignée qui tisse la toile. Cette tâche incombe donc à la femelle dont le corps est doté de glandes qui secrètent la substance soyeuse servant au tissage de la toile. Le mâle participe cependant parfois aux opérations de construction, de restauration ou d’élargissement. Mais l’opération reste essentiellement la responsabilité de la femelle. Il s’avère ainsi que les paroles de Al-Haqq (l’un des noms d’Allah signifiant la vérité) (qu’Il soit exalté) {l’araignée qui s’est donnée maison…} constituent un miracle scientifique.
- À propos de la partie du verset {Or la maison la plus fragile est celle de l’araignée.}
Ce texte coranique miraculeux mentionne un certain nombre de vérités importantes. En voici quelques-unes :
(1) Le fait que la maison de l’araignée est la maison la plus fragile qui soit d’un point de vue purement matériel car elle se compose d’un ensemble de fils de soie extrêmement fins, entrecroisés de sorte qu’ils laissent de grands intervalles dans la plupart des cas. La toile ne protége donc ni de la chaleur du soleil, ni du froid intense. Elle ne produit pas une ombre suffisante, n’abrite ni des pluies, ni des vents, ni des dangereux prédateurs, en dépit du prodige que constitue sa construction. Car les fils de la toile sont de soie très fine, puisque leur épaisseur moyenne est 6.54 millionième de pouce carré, ce qui représente un quart du millième de l’épaisseur d’un cheveu humain. Mais en dépit de leur extrême finesse, ces fils sont cinq fois plus solides que des fils d’acier de même épaisseur, et se distinguent par une résistance à la traction, par unité de volume ou de poids de fils testé, plus grande que celle de l’acier. De plus les études récentes ont démontré que le fils de soie de l’araignée de type néphile, appartenant à la famille des aranéides, est trois fois plus solide que les fibres de kevlar, une résine dérivée du pétrole utilisée pour la fabrication des gilets pare-balles. La soie produite par les araignées est donc un des matériaux les plus solides sur Terre, puisqu’elle supporte une traction qui peut atteindre 42 000 kg/cm² ce qui lui donne une très grande ductilité et la capacité de piéger les insectes qui sont ses proies sans se déchirer. En effet l’araignée construit sa toile avec des tresses qui comprennent chacune plusieurs fils tressés et assemblés solidement. Pour cette raison, notre Seigneur a dit {la maison la plus fragile} et non pas « les fils les plus fragiles ». En effet malgré la solidité des fils de la toile d’araignée, la toile reste la maison la plus fragile et la plus faible.
(2) D’un point de vue moral, la maison de l’araignée est la maison la plus fragile qui soit, car c’est un foyer qui ne connaît ni l’amour, ni la miséricorde qui sont à la base de toute famille heureuse. En effet la femelle de certains types d’araignées se débarrasse de son partenaire mâle juste après avoir été fécondée, en le tuant et en dévorant son cadavre car elle est plus grosse et plus vorace que lui. Et dans certains cas, la mère dévore ses petits sans pitié. Il arrive également que la femelle meurt après la fécondation de ses œufs qu’elle enferme dans un sac de soie, et lorsque les œufs éclosent, les petits se retrouvent serrés dans la poche de soie très encombrée par toute cette couvée. C’est alors que les frères se mettent à se battre pour la nourriture, la place, ou les deux, et s’entretuent ainsi jusqu'à ce qu’il ne subsiste plus que quelques araignées à la fin de cette bataille. Celles-ci se mettent alors à muer, et à déchirer les parois du sac à œufs, puis les araignées sortent l’une après l’autre après cette expérience malheureuse et s’éloignent. Les femelles se mettent à construire leur toile, tandis que de nombreuses araignées périssent en chemin. Celles qui survivent répètent la même tragédie qui fait de la maison de l’araignée la maison la plus brutale et cruelle qui soit, une maison dénuée de toute attache familiale. Ainsi Allah (qu’il soit exalté) a pris cette maison comme exemple de fragilité et de faiblesse, à cause de l’absence de toute miséricorde entre les membres de cette maisonnée, entre les parents, entre la mère et ses petits, entre les frères et sœurs !!
- À propos de la partie du verset {Si seulement ils savaient!}
Ces vérités n’étaient connues d’aucune créature à l’époque de la révélation, et sont restées inconnues pendant des siècles. Elles ne furent découvertes qu’après des études approfondies sur le comportement des araignées, études qui nécessitèrent le travail de centaines de spécialistes durant des dizaines d’années. Et ce n’est qu’au cours des dernières décennies du vingtième siècle que ces études aboutirent. Voilà donc la raison pour laquelle notre Seigneur (qu’Il soit exalté) termina le verset avec ces paroles : {Si seulement ils savaient!}
Ainsi par sa description de la maison de l’araignée comme la maison la plus fragile --description révélée à un prophète illettré (BP sur lui), dans un peuple dont l’immense majorité était illettrée, il y a 1 400 ans -le Coran devance la science. Ainsi on ne peut raisonnablement concevoir d’autre source à cette science qu’Allah, le Créateur, qui a fait descendre le Saint Coran et l’a révélé au dernier de ses prophètes et envoyés, puis l’a préservé intact comme Il s’y est engagé, dans la langue où il fut révélé (l’arabe) durant un peu plus de quatorze siècles. Et il en sera ainsi jusqu’à ce qu’Allah hérite de la Terre et de ceux qui l’habitent, afin que ce précieux Livre demeure un argument indéniable pour toute l’humanité jusqu’au jour de la résurrection, afin que la vérité qu’il contient témoigne de ce que le Saint Coran est la parole d’Allah le Créateur, et témoigne aussi de la prophétie et du message du dernier des prophètes et envoyés. Lui, qui a communiqué le message avec intégrité, a été un guide pour sa nation, a lutté dans le sentier d’Allah jusqu’à ce que lui vienne la certitude ! Nous implorons Allah (qu’Il soit exalté), de lui réserver la meilleure récompense qu’ait reçu un prophète pour sa nation, ou un messager pour l’accomplissement de sa mission. Qu’Allah lui accorde le moyen d’intercession, l’excellence et un rang élevé, et qu’Il l’élève au rang louable qu’Il lui a promis, car mon Seigneur ne manque jamais à sa promesse. Et pour finir, louange à Allah, Seigneur des mondes, prière, paix et bénédiction sur notre prophète Sayyedna Mohammed, sur sa famille, ses amis et ceux qui suivent sa voie et implorent comme il l’a fait, jusqu’au jour de la Rétribution.
[1] Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle du sens courant le plus connu jusqu'à présent de la sourate sus mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en arabe, la langue de révélation du saint Coran.
[2] Formule qui débute toutes les sourates exceptée la 9ème
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