la nuit destin "laylat-el-kadr
UNE NUIT BENIE FUT LA NUIT DU DESTIN
CELLE DE LA REVELATION DU SAINT CORAN.
L’Islam, ainsi que l’indique clairement son nom, consiste essentiellement en la
soumission à l’Un, à l’Eternel, principe et fondement de l’être, de notre être, trésor
inépuisable, infini de puissance, de richesse, mais aussi de miséricorde, de bonté et de
compassion.
Le message divin par quoi fut prêchée puis menée au triomphe cette doctrine de
la soumission à Dieu (Islam) est précisément le Coran. Il constitue dans son ensemble à
l’instar des révélations abrahamique, mosaïque, chrétienne auxquelles il fait suite, auxquelles
il se rattache tout naturellement et donne confirmation, et pour lesquelles il constitue un
couronnement nécessaire. Ainsi en même temps qu’un retour à la pure foi monothéiste
d’Abraham, le Coran constitue le Livre définitif par lequel se clôt la révélation avant la fin des
temps. Ultime rappel, suprême Avis adressé par Dieu à toute l’humanité, comme il y est
stipulé expressément, heureuse annonce aux vertueux en même temps qu’avertissement
explicite aux superbes, aux impies, aux fourbes, aux pervers, le Coran demeure valable en tant
que guide spirituel jusqu’au jour de la Révélation préludant au Jugement Dernier, l’un des
dogmes fondamentaux de la foi islamique.
Lorsque le Prophète que le Salut de Dieu soit sur Lui a atteint l’age mure, c’est-àdire
quarante ans, Dieu l’a envoyé au monde entier pour annoncer et avertir, et aussi aider
l’humanité à sortir des ténèbres, de l’ignorance et pouvoir pénétrer dans le monde de la
science et de la lumière.
Auparavant et, depuis quinze ans, dans une anxieuse adoration, il s’efforçait de
dégager la religion « Hanifie », c’est-à-dire la religion monothéiste de son ancêtre Abraham,
des grossières altérations que lui avaient fait subir ses concitoyens, lorsque une nuit, la vingt
cinquième, vingt septième ou vingt neuvième du mois de Ramadan (le 15 – 17 ou 19 janvier
611 de l’ère chrétienne) se produisit l’Evénement inoubliable par lequel le Miséricordieux
témoigna Sa générosité à ses créatures, en faisant descendre Sa Révélation sur la terre avec
les premiers versets du Coran, par la bouche de son envoyé Mohammed Salut Divin Sur Lui.
Le Prophète raconte avec détail cet Evénement en disant : « Je m’étais endormi
dans la grotte de Hira, (où il se retirait chaque année durant un mois en y observant jour et
nuit la plus absolue des retraites), lorsque l’Ange Gabriel (Djebrail) m’apparut, et, déployant
devant mes yeux une longue étoffe de soie brodée avec des caractères d’écritures : « Lis, »me
dit-il « Je ne suis pas de ceux qui lisent » répondis-je. Il me saisit aussitôt, enserra mes
membres, ma bouche et mes narines dans les replis de cette étoffé, avec une telle violence que
ma respiration fut suspendue et que je crus arrivé pour moi l’instant de la mort » « Puis,
m’ayant relâché, il répéta : « Lis ! Je ne suis pas de ceux qui lisent. » Répondis-je encore. Il
m’enserra de nouveau, et je sentis mon dernier souffle prêt à s’échapper de ma poitrine. Enfin
il desserra son étreinte et, pour la troisième fois, il me répéta : « Lis ! » « Et que dois-je
lire ? » Lui demandai-je dans mon épouvante d’une troisième étreinte à laquelle mon souffle
n’eut certainement pas résisté. » « Alors il me dit : « Lis, Au nom de ton Seigneur qui a tout
crée. Qui a crée l’homme d’un grumeau de sang. Lis et ton Seigneur est le plus généreux. Lis
qui a enseigné l’usage du Kalam. Qui a enseigné à l’homme ce qu’il ne connaissait pas. »
(1ère Sourate Révélée : le caillot de sang. ».
Par ailleurs, il est fait allusion dans ces premiers versets révélés, à la science, qui
est essentiellement un don que Dieu fait à l’homme. D’où l’impérieuse obligation pour
l’homme, être privilégie, d’être soumis à son Maître si généreux et de dépouiller l’orgueil
inhérent à sa nature. L’humilité est la condition nécessaire de la vraie science, qui se confond
avec la foi salvatrice.
Le Prophète ajoute : « Je récitai ces paroles après lui, il disparut et, m’étant
réveillé en sursaut, je ressentis cette impression qu’un Livre tout entier venait d’être gravé
dans mon coeur. Je sortis de la grotte pour reprendre mes esprits, lorsque, me trouvant à micôté
de la montagne, j’entendis une voix descendant du ciel qui me priait : « O Mohammed, tu
est le Prophète d’Allah, et moi je suis Djèbrail ! ».Je levai la tête vers le ciel : Djèbrail
l’emplissait ; j’avais beau détourner mes regards aveuglés vers d’autres parties de l’horizon,
partout je retrouvais son apparition éblouissante. Et je demeurai au même endroit, ne pouvant
ni avancer, ni reculer, pétrifié. Une seconde fois, Djèbrail me répéta : « O Mohammed, tu es
le Prophète d’Allah et moi je suis Djèbrail », puis il disparut, comme une vision dans un rêve.
Alors en grande hâte, le coeur secoué par la plus terrible angoisse, je cours dans la direction de
ma demeure. »
Après cette première révélation, une euphorie incomparable, un sentiment de
plénitude sans égal s’étaient emparés de lui, l’avaient transfiguré, auxquels succéda bientôt un
état marqué de vide intellectuel, de dépossession, accompagné de prostration. Ce premier
contact avec l’Eternité l’avait exténué. Il s’empressa de rentrer chez lui, se mit au lit, demanda
qu’on le recouvrit de son manteau.
Visiblement ce phénomène supra-naturel le dépassait. Il se remettait de nouveau à
penser qu’il était la proie de génies malfaisants. Khadidja, que Dieu agrée son âme, en épouse
sage et attentionnée, prit soin de relever son moral abattu : « des démons pouvaient-ils jamais
s’en prendre à un homme aussi vertueux, aussi bon, aussi généreux ? Non une telle vision ne
pouvait être un leurre. »
Waraqua Ibn Nawfal, le propre cousin de Khadidja, vieillard vénérable qui avait
étudié les Ecritures et s’était converti en secret au christianisme, devait apaiser dès le
lendemain les angoisses du Prophète. Il lui fit entendre clairement qu’il était l’ultime Prophète
attendu vers la fin des temps et par les arabes et par le genre humain : Il en était certain,
l’ayant appris par l’Ancien et Nouveau Testament. Waraqua lui dit : « C’est bel et bien l’agent
que Dieu a envoyé à Moïse », car il savait que l’agent intermédiaire entre Dieu et ses
prophètes est l’ange Gabriel (Djèbrail). Puis il dit avec ferveur : « que mon souhait est grand
d’être dans la vigueur de l’age, le jour où tes compatriotes t’expulseront de ton pays ! Car
ceux-ci deviendront tes ennemis et nourriront pour toi de la haine, lorsque tu leur demanderas
de renoncer à leurs croyances héritées de leurs ancêtres. » Le Prophète a été étonné de ce qui a
été dit sur le compte de ses compatriotes lui qui sait combien ceux-ci l’aimaient et le
respectaient grâce à ses qualités morales, à son intégrité et à son comportement exemplaire à
tel point qu’ils l’avaient surnommé « l’honnête ». Il a répondu : « Se peut-il que je sois
expulsé de mon pays ? » Aucun n’a prêché le Message qu’on t’a confié sans qu’il fut mis au
ban de sa Communauté » lui répond le vieux savant : « Et pour affirmer sa foi au Message du
Prophète, que la bénédiction et le Salut Soit Sur Lui, il lui dit : « S’il m’était donné de vivre
jusqu’à ce jour je ne manquerais pas de te défendre énergiquement ». Mais il ne tarda pas à
mourir.
Le nouveau prophète, ayant repris ses esprits, voyait bientôt, après une brève
interruption, se succéder assez régulièrement les apparitions de l’archange. Ce fut pour
commencer, un rappel direct à la réalité concrète de sa mission, qui était de prêcher le culte de
l’Un, face aux débordements du polythéisme païen, qui tenait asservi à son joug ses
compatriotes mecquois. Un ordre explicite lui était donné : « O toi qui te couvres, Lève toi et
averti ! Exalte ton Maître ! Purifie tes vêtements Et puis l’abomination ! ».
Tous les doutes du Prophète Mohammed Salut Divin Sur Lui, étaient levés ; la
fulgurante Révélation avait illuminé toutes les aspirations inconscientes et surexcité toutes les
forces latentes accumulées dans son âme par quinze années de contemplation. Elle lui avait
dessilé les yeux et appris le rôle formidable sur-humain, qui lui était imposé, et auquel, en
réalité, il s’attendait si peu, malgré les prédictions des moines qu’il avait depuis longtemps
oubliées, si jamais il leur avait prêté la moindre attention. Son angoisse, sa crainte d’avoir été
victime d’hallucination diaboliques nous en fournissent la preuve indiscutable.
Et lui, qui fuyait les hommes qui n’avait jamais briqué la moindre des fonctions
publiques que ses concitoyens lui eussent accordées avec empressement, il se trouva prêt,
avec une foi et un courage inébranlables, à remplir la mission la plus écrasante qui puisse être
confiée à un être humain, sans le moindre souci des terribles épreuves qu’il savait inévitables.
Dans cette nuit à jamais mémorable, Connue sous le nom de « Leilat Al Qadr »
ou « Nuit du Destin », le Coran était descendu tout entier, du ciel Supérieur où il était
conservé, jusqu’au Ciel inférieur, situé immédiatement au dessus de notre terre, et il y avait
été déposé dans la « Beit-Al-Azza », ou « Maison de gloire », au dessous de laquelle avait
été édifiée la « Bait Allah » ou « Maison d’Allah » c’est-à-dire la Sainte Kaaba. « Certes,
nous l’avons fait descendre (le Coran) dans la Nuit du Destin. Et qu’est ce qui te fera
Comprendre se qu’est la nuit du Destin ? La Nuit du Destin ! Elle est plus précieuse que mille
mois ! Dans cette nuit descendent les Anges et l’Esprit, avec la permission de leur Seigneur,
pour toutes choses. Elle est un temps de Salut, jusqu’au lever de l’aurore ».Ste le Destin
V1à5.
Puis, ce ciel inférieur, après les premiers versets révélés au Prophète Mohammed,
Salut Divin Sur Lui, en même temps que la Compréhension générale de sa mission, les
paroles d’Allah qui, composant le Coran, descendront par sa bouche, Sourate après Sourate,
pendant une période de vingt trois années, afin de le guider dans tous ses actes, de fixer les
lois sur la Religion et d’organiser le triomphe de l’Islam.
Le Coran, reçu en révélation par le Prophète, d’une part et la propre vie de celui-ci,
l’oeuvre accomplie par lui, d’autre part, se confondant étroitement, se complétant l’un et
l’autre, et s’éclairant mutuellement . La vie de l’envoyé de Dieu, ne fut, à partir de la vision
de Hira, qu’une mise stricte, loyale en application du Message qu’il recevait et qu’il tenait non
seulement à faire parvenir aux hommes, mais aussi à en réaliser lui-même le contenu. Son
comportement moral, ne faisait qu’un avec l’esprit divin.
Ainsi, le Coran et la vie, l’oeuvre du Prophète se Complètent, s’interpénètrent,
s’expliquent l’un par l’autre. Dans cette vie exemplaire, bien qu’humaine, contemplation et
action se rejoignent, spiritualité et réalité concrète se côtoient, s’associent étroitement. La
grâce divine ne saurait exclure l’effort persévérant, parfois douloureux de la créature. Nul ne
saurait être à l’abri des épreuves, des tentations. La lutte constante en Dieu et pour Dieu est de
rigueur. C’est là le vrai, le bon combat qu’on doit soutenir dans la voie de Dieu. Combat qui
n’exclut pas, mais suppose au contraire l’amour de Dieu, postule la ferveur à son point
culminant.
Car le Prophète aime Dieu, a été aimé de Dieu. Le Coran en donne maints
témoignages. C’est pourquoi l’exemple du Prophète des Prophètes, qui est celui du Coran,
demeura éternellement actuel, valable, étant celui de tous les grands esprits, de toutes les
grandes âmes, de tous les grands coeurs épris de beauté, de vérité et de bonté divines. « Vous
avez, en vérité, en le Messager de Dieu, un si bel exemple pour celui qui espère en Dieu et au
jugement Dernier et se souvient fréquemment de Dieu ». (Ste les coalisés / 21).
La nuit de la révélation est une nuit du Destin, une nuit bénie comme le qualifie
Notre Créateur, Maître des Mondes : « Ha mim, Par l’écriture explicite. Nous l’avons, en
vérité, révélée par une nuit bénie. Nous n’avons pas cessé d’avertir les hommes. Nuit où se
trouve arrêté toute sage disposition. En vertu d’un ordre émanant de Nous, Nous envoyons, en
vérité des Messagers. Comme une grâce de ton Maître car c’est lui qui entend tout, sait tout ».
La dixième année de l’Hégire vit l’heureux accomplissement de la mission du
Prophète. Ce fut devant le grand pèlerinage de l’an 10 ( Mars 632 JC ), appelé pèlerinage
« des Adieux » qu’il prononça le Sermon mémorable où les grandes valeurs tant spirituelles
qu’humaines de l’Islam étaient rappelées une à une : respect de la personne humaine, droits
imprescriptibles de la femme, de l’esclave, proscription de toute haine raciale, fraternité
absolue dans les rapports entre les hommes, dont la valeur intrinsèque est fonction de leurs
mérites et de leurs vertus, surtout union en Dieu entre frères musulmans ; cette union que les
musulmans de nos jours ont égaré dans les labyrinthes de la matière, du pouvoir et des vices.
Oui, union que le Coran a scellée et qui a fait la grandeur et la puissance de l’Islam. Elle le
restera ainsi, qu’on le veuille ou non, pour la fin des siècles !!! Mais faudrait-il encore que les
musulmans prennent conscience du péril qui les entoure, arrivent à discerner le bien du mal,
l’ami de l’ennemi … S’il veulent devenir un jour, de vrais interprètes du Saint Coran, les vrais
disciples du Prophète et donc les serviteurs de Dieu et les sauveurs de l’humanité.
CHEIKH TAHAR BADAOUI
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- Initiation à l’Islam du professeur Mohammed Hamidullah.
- La vie du Prophète / Etienne Dinet.
- Illumination de la foi du Cheikh Mohammed El Khodari Back.
- Traduction du Saint Coran par le professeur Sadouk Mazigh.
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