CE QUI ANNULE LA FOI (nawaqid al-iman)

L’islam a une porte et quiconque entre, librement et volontairement, par cette porte est musulman. Cette porte est la shahada, le témoignage et la reconnaissance des fondements de la foi.

Rien ne peut faire sortir le musulman de la foi, sauf des actes ou des propos qui prouvent qu’il renie ce qu’il avait reconnu précédemment. Il devient à ce moment là un renégat, un apostat (murtadd).

L’associationnisme (Ash-shirk),

Le fait de commettre un péché, quelque soit sa gravité, ne fait pas sortir le croyant de l’islam. Le pécheur reste musulman, mais son sort dépend de Dieu : s’Il veut, Il lui pardonnera et s’Il veut, Il le châtiera, mais il ne restera pas éternellement dans le châtiment.

Mais dans le cas où une personne commet un péché et le déclare licite, à ce moment là elle sort de l’islam. En effet, il n’appartient à nul autre qu’à Dieu de fixer le licite et l’illicite.

Dans l’ouvrage sur la croyance : « Aqidatou Tahawiya », on trouve cette définition de l´apostat : « Nous appelons ceux qui se dirigent dans la même direction que nous musulmans, croyants, tant qu’ils croient à ce qui a été apporté par le Prophète (r). Nous ne traitons personne, parmi ceux qui se dirigent vers notre Qibla de mécréant à cause d’un péché commis, sauf s’il s’autorise ce péché et le déclare licite. »

Dans un hadith rapporté par Al-Bûkhari, Abou Daoud et d’autres, le Prophète (r) dit : «Celui qui prie comme nous, qui se dirige dans la même direction (qibla) que nous, consomme la même bête égorgée que nous, il est musulman et il a les mêmes droits et les mêmes devoirs que nous».

Le jour du jugement dernier, As-Shirk est le seul péché que Dieu ne pardonne pas :

Certes, Dieu ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Quiconque donne des associés à Dieu s’égare très loin dans l’égarement. (Sourate 4, An-Nissa’ (les femmes), v116)

Une distinction peut être faite entre le polythéisme ou associationnisme majeur (shirk al akbar) et l’associationnisme mineur (shirk al asghar).

Celui qui commet l’associationnisme majeur n’est plus musulman. S’il meurt sans se repentir, il ira à l’enfer éternellement. Alors que l’associationnisme mineur reste un grave péché mais ne fait pas sortir de l’islam.

Les différents types d’associationnisme

On sait que l’on devient musulman en prononçant, avec conviction, le témoignage, ash-shahada.

Or, dire « Il n’y a de divinité que Dieu » La illaha illa Llah, c’est reconnaître Dieu comme unique Seigneur de l’univers, comme unique divinité et reconnaître Ses noms et Ses attributs. Dire que Muhammad est Son Prophète et Messager (r), c’est reconnaître Muhammad (r) comme tel, et croire que tout ce qu’il nous a apporté dans son message est vrai et émane de Dieu, que ce soit à propos du monde visible ou invisible.

Renier cela, c’est renier et sortir de l’islam. Ainsi nous voyons, qu’il y a quatre types de Shirk :

-    Nier Dieu comme Unique Seigneur de l’univers (Ar-Rabb),

-    Nier Dieu comme Unique Divinité (Al-ilah)

-    Nier ou déformer les noms et attributs divins

-    Nier le message du Prophète (r)

Nous allons, ci-dessous, développer et illustrer chacun d’entre eux, mais précisons avant cela, qu’on ne peut accuser quelqu’un d’avoir renié l’islam, que s’il commet ou dit des choses de ce type en toute conscience. Cette personne doit avoir été prévenue de la gravité des ses propos ou actes. C’est seulement si elle persiste et s’entête sciemment dans sa négation qu’elle peut être considérée comme renégate.

Il n’est pas autoriser de tester et d’éprouver la foi des musulmans. Ainsi il ne faut pas poser des questions pointues et difficiles à un musulman dans l’objectif de compromettre sa croyance et foi simple. La foi musulmane peut être comprise dans la simplicité et uniquement à travers les piliers et les textes explicites.

Nier l’unicité de la seigneurie

Cela revient à renier Tawhid ar-rububiya, c'est-à-dire que l’on octroie à un autre que Dieu la seigneurie de l’univers, sa création, son ordonnancement etc.

Ainsi, attribuer à une créature l’une des caractéristiques de la seigneurie de Dieu est une négation de cette unicité de la seigneurie, et donc une forme de shirk.

Lorsque Pharaon dit à son peuple : « je suis votre Seigneur le plus haut », il a prétendu posséder cette seigneurie et a marqué du même coup sa négation.

De même, lorsque le roi Nemrod défia Ibrahim (r) et s’attribua des qualités divines, il fit preuve de mécréance, comme nous le relate le verset :

N’as-tu pas su (l’histoire de) celui qui, parce que Dieu l’avait fait roi, argumenta contre Abraham au sujet de son Seigneur ? Abraham ayant dit : « J’ai pour Seigneur Celui qui donne la vie et la mort », « Moi aussi, dit l’autre, je donne la vie et la mort. » Alors dit Abraham : « Puisque Dieu fait venir le soleil du Levant, fait-le donc venir du Couchant ». Le mécréant resta alors confondu. Dieu ne guide pas les injustes. (Sourate 2, Al Baqara (la vache) v258) 

De même, dire ou faire des choses qui nous feraient admettre qu’il y a d’autres créateurs ou d’autres seigneurs est une négation de la seigneurie de Dieu.

Devant la beauté de la création le musulman ne dira pas: « Ah, que la nature fait bien les choses », car il sait que la nature ne fait rien d’elle-même.

De même pour les expressions comme : « Le hasard fait bien les choses »

Le musulman ne dira pas à une personne « Je me repose entièrement sur vous » ou « Je me repose sur Dieu et sur vous »

Nier l’unicité de la divinité

Cela revient à renier Tawhid al uluhiya, c'est-à-dire reconnaître à un autre que Dieu le droit d’être adoré. Il faut prendre, ici, la notion d’adoration au sens large : cela comprend l’amour, l’espoir, la crainte, la révérence etc.…

Ainsi invoquer autre que Dieu ou égorger une bête pour un autre que Lui (les anges, les prophètes, les saints etc.…) sont des formes de shirk car Dieu dit dans le Coran :

Accomplis la Salat pour ton Seigneur et sacrifie (Sourate 108, Al Kawthar (l’Abondance) v2)

Malheureusement, ce type de pratiques existe encore chez certains musulmans.

De même, aimer ou craindre quelqu’un ou quelque chose plus que Dieu est une forme de shirk.

Celui, par exemple, qui s’octroie le droit de légiférer à l’encontre des commandements divins se prend pour l’égal de Dieu. Or légiférer pour les hommes revient à Celui qui les a crées. Un musulman ne doit donc ni légiférer à l’encontre des lois divines, ni reconnaître ce droit à un autre que Dieu, quel qu’il soit.

Nier ou déformer les noms et attributs divins

Nier certains noms ou attributs de Dieu est une forme de Shirk. De même, déformer ou interpréter Ses noms ou attributs de manière réductive ou les assimiler à ceux de Ses créatures est une forme de négation.

Dieu s’est donné des noms et attributs dans le Coran, d’autres nous ont été enseignés par le Prophète (r). La règle que le musulman doit observer à ce sujet, est de ne rien attribuer à Dieu comme nom ou attribut en dehors de ceux qu’Il s’est Lui-même donné, ou que le Prophète (r) Lui a donné. Ainsi inventer des noms ou attributs pour Le qualifier est également une forme de négation.

Nier le Message

Cela revient à remettre en question la véracité du message ou de la mission du Prophète (r).

De même, insulter ou se moquer du message est un acte grave de négation. Dieu dit en effet :

Et si tu les interrogeais, ils diraient très certainement : « vraiment nous ne faisions que bavarder et jouer ». Dis : « Est-ce de Dieu, de Ses versets et de Son messager que vous vous moquiez ? » Ne vous excusez pas : vous avez bel et bien rejeté la foi après avoir cru. Si Nous pardonnons à une partie des vôtres, Nous en châtierons une autre pour avoir été des criminels. (Sourate 9, At-Tawba (le repentir) v65-66)

De façon générale, nous ne devons pas admettre la mécréance quelle qu’elle soit car approuver la mécréance de quelqu’un est de l’ordre de la négation. Cependant, cela ne doit pas nous pousser à contraindre les mécréants à devenir musulmans.