ISLAM SELON LE CORAN ET LA SUNNA

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le terme salafi

Trois sens au terme "Salafî" Par Anas • 5 déc, 2008 • Catégorie: C- Sources et orthodoxie en islam, V- Plus de compréhension Un message : Cher frère, je lis attentivement tes articles. J'apprécie ton travail, même si, bien sûr, je ne partage pas tout ce que tu écris. Par contre il y a un point que tu as écrit et que je ne suis pas parvenu à comprendre jusqu'à aujourd'hui : tu as dit que tu n'es pas Salafi mais Hanafi. Pourtant Abû Hanîfa faisait partie des Salaf Sâlih. Et puis, se référer aux interprétations des Salaf Sâlih est une nécessité qui fait de quelqu'un un Sunnite. Alors que signifie que tu as écrit que tu n'es pas Salafi ? - Réponse : La question que tu poses révèle une fois de plus les difficultés de la communication. En effet, une de ces difficultés est due à la pluralité de sens de nombreux termes que les uns et les autres utilisent. Imagine ainsi que je me démarque d'un concept que je désigne sous le nom "A" ; or une personne m'entend ou me lit qui se réclame, elle, d'un autre concept, mais qui est lui aussi désigné par le même nom "A" : cette personne a donc coutume d'employer ce terme "A" en lui donnant un sens différent de celui que je lui donne ; lisant mon propos dans lequel je me démarque de "A", qu'elle pense être essentiel, elle sera choquée. Ibn Hazm a bien décrit ce problème quand il a dit que l'une des causes de polémiques est "le fait qu'un nom unique ait plusieurs sens ; la personne qui informe donne une information avec ce terme, et elle veut parler de l'un des sens que celui-ci recouvre ; celui qui l'entend le comprend dans un sens autre que celui que la personne qui informe a visé ; alors se produit le problème" (Al-Ihkâm, cité dans Nazariyyat ul-maqâssid, p. 191). - Deux propos différents, formulés par deux ulémas saoudiens : – Propos de Ben Bâz : Question : "Est-il correct que les Hanbalites seulement sont les Salafî ("as-salafiyyûn") ? Quelle est la réalité de la Salafiyya ? Est-elle l'indice du rigorisme (tashaddud) et du puritanisme (tazammut) comme le diffusent certains ?" Réponse : "Ce propos n'est pas correct. Les Salaf Sâlih sont les Compagnons et ceux qui ont suivi leur voie parmi les Tâbi'ûn et les Tab' ut-tâbi'în : les hanafites, les mâlikites, les shâfi'ites, les hanbalites et les autres, parmi ceux qui ont cheminé sur la vérité et se sont attachés au Livre [= Coran] et à la Sunna dans le chapitre du Tawhîd, des Noms et des Qualités, et dans toutes les affaires du Dîn. Nous demandons à Dieu de faire que nous soyons d'entre eux [les Salafîs] (…)" (Majmû' fatâwâ wa maqâlât mutanawwi'a, Ben Bâz, 9/238). – Propos de Ibn ul-'Uthaymîn : "(…) A la fin sont ensuite apparus des Ikhwânî, des Salafî, des Tablîghî et autres semblables. Tous ces groupes, place-les à gauche, et toi choisis d'avancer : il s'agit de (suivre) ce que le Prophète, que Dieu prie sur lui et le garde, a enjoint : "Choisissez ma Sunna et la sunna des califes bien guidés". Et il n'y a pas de doute que ce qui est obligatoire sur tous les musulmans est que leur école soit celle des Salaf ; (mais) non s'affilier à un groupe précis ("hizb mu'ayyan") qui s'appelle "les Salafîs" ("as-salafiyyûn") . Ce qui est obligatoire est que la Umma, son école soit l'école des Salaf sâlif ; non s'affilier à ceux qui sont appelés "les Salafîs" ("as-salafiyyûn"). Soyez conscients de la différence : il y a là la voie des Salaf ; et il y a là un groupe qui est appelé "les Salafîs ("as-salafiyyûn")". Qu'est-ce qui est demandé ? Suivre les Salaf. Pourquoi ? Parce que les frères Salafîs ("as-salafiyyûn") forment celui des groupes qui est le plus proche de ce qui est correct (swawâb), nul doute à cela. Mais leur problème est le même que celui d'autres qu'eux : certains groupes traitent d'autres d'égarés, de gens de la bid'a, de mauvais (fâssiq). (…)" (sunnahonline). Qui ne sait pas que le terme "salafî" possède plusieurs sens conclura à la contradiction entre le propos de Ben Bâz et celui de Ibn ul-Uthaymîn, le premier disant que les (premiers) ulémas hanafites, malikites, shafi'ites et hanbalites sont aussi des Salafs, et priant Dieu de faire que l'on soit Salafî, le second affirmant que ce n'est pas être Salafî qui est nécessaire mais suivre les Salaf. Il n'y a pourtant pas de contradiction : c'est en référence au sens du mot "salafî" que nous allons désigner ci-dessous par "A" que Ben Bâz a utilisé ce terme. Par contre, Ibn ul-'Uthaymîn semble l'avoir employé en lui donnant le sens que nous allons décrire sous "B.b" (wallâhu a'lam). - Plusieurs sens au terme "Salafî" : "Salafî" vient du mot "Salaf", pour "Salaf sâlih", "Pieux prédécesseurs" (les Compagnons, leurs élèves et les élèves de leurs élèves), par distinction par rapport aux "Khalaf", "ceux qui viennent ensuite". (Le hanafite Alî al-Qârî relate de Ibn Hajar : "Wa-s-salaf, wa hum ahl ul-qurûn ith-thalâtha, alladhîna hum khayr ul-umma bi shahâdati nabiyyihim sallallâhu 'alayhi wa sallam" : Mirqât ul-mafâtîh 1/32 ; "Al-khalaf hum man ba'd al-qurûn ith-thalâthat il-uwal" : Ibid.) Les "Salafîs" (en arabe : "as-salafiyyûn", pluriel de "as-salafî") sont "ceux qui se réfèrent aux avis des Salaf". (On remarque que certains frères – qui ne se gênent pas pour émettre des jugements contre les uns et les autres – ne savent même pas de quoi ils parlent, au point de confondre "Salaf" et "Salafî" : ils disent de certains de leurs coreligionnaires : "Ils sont devenus Salaf !". Non-sens complet, révélateur de l'ignorance de ceux qui s'expriment ainsi. Les "Salaf" sont, comme nous l'avons vu, les Compagnons (Sahâba), leurs élèves (Tâbi'ûn) et les élèves de ceux-ci (Tab' ut-tâbi'în) ; comment pourrait-on être aujourd'hui un de ces personnages, morts il y a des siècles ?) "Les "Salafîs" (en arabe : "salafiyyûn") sont "ceux qui se réfèrent aux avis des Pieux prédécesseurs", disions-nous. Certes, mais il y a plusieurs façons de s'y référer, d'où plusieurs sens donnés au terme "salafî". – A) Le terme "salafî", pris en son sens littéral (lughawî), peut s'appliquer à tout sunnite. En effet, les sunnites sont en fait "ahl us-sunna wa-l-jamâ'ah", ce qui signifie qu'ils se réfèrent, en plus du Coran, à la Sunna aussi, et qu'ils restent attachés à la Jamâ'ah. Or ce dernier terme signifie, entre autres, le consensus des Salaf (le hanafite Alî al-Qârî écrit : "Wa-l-murâd bi-l-jamâ'ah : as-sahâba wa man ba'dahum min at-tâbi'în wa tâb'it-tâbi'în min as-salaf is-sâlihîn" : Mirqât ul-mafâtîh 7/215) (j'ai cru comprendre que le consensus particulier à prendre en compte quand ce sont les Salaf qui en sont l'origine est le consensus tacite (ijmâ' sukûtî) ; car le consensus explicite (ijmâ' sarîh), lui, est valable à toute génération ; wallâhu a'lam). S'il y eu divergence entre les ulémas de ces trois générations à propos d'un point, c'est autre chose (et il est alors possible, d'après certains ulémas, que les mujtahids des "Khalaf" pensent un avis nouveau, non pensé par les "Salaf", et reposant par exemple sur une synthèse inédite des textes de référence relatifs au point en question) ; mais quand il y a eu pareil consensus entre les ulémas des trois premières générations sur un point donné, on ne peut pas ne pas en tenir compte ; cela constitue un garde-fou dans l'interprétation des textes du Coran et de la Sunna et donc dans la possibilité de relativiser les règles qui y sont données en les renvoyant systématiquement au contexte de l'époque. On voit que le sunnite étant celui qui se réfère à la Jamâ'ah aussi, et celle-ci désignant les Salaf sâlih, tout sunnite est "Salafî" au sens littéral de ce terme. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre le propos de Ben Bâz cité plus haut. C'est aussi ce qui ressort des propos de Dr. al-'Aql : il écrit d'une part que les sunnites sont appelés ahl "al-jamâ'ah" parce que, entre autres, ils suivent ce sur quoi les Salaf ont été unanimes ("li annahum (...) ittaba'û mâ ajma'a 'alayhi salaf ul-umma") ; et il écrit d'autre part que "toute personne de toute époque qui suit les Salaf et suit leur chemin, le terme "salafî" lui est appliqué, par établissement d'un lien vis-à-vis d'eux" ("wa yutlaqu 'alâ kulli man-iqtadâ bi hâ'ulâ'i wa sâra 'alâ nahjihim fî sâ'ïr il-'ussûr : "salafî", nisbatan ilayhim") (Mujmalu ussûli ahl is-sunna wa-l-jamâ'ah fi-l-'aqîda, p. 3). A.b) Parfois le terme désigne celui qui s'en tient à la formulation des Salaf quant aux croyances, formulation originelle, et différente de celle connue sous le nom de "ash'arite" / "maturidite". – B) Cependant, dans l'usage conventionnel (istilâhî), le terme "Salafî" ne désigne pas tout sunnite : il désigne, au sein de l'ensemble des sunnites, celui d'entre eux qui, dans sa pratique personnelle, ne reste pas cantonné aux avis présents dans l'une des quatre écoles juridiques (hanafite, malikite, shafi'ite et hanbalite), ni exclusivement, ni même principalement (comme le faisait le savant indien Shâh Waliyyullâh et comme le fait aujourd'hui Cheikh Khâlid Saïfullâh). Ici, "Salafî" devient l'opposé de "Mutamadh'hib" (lequel est "celui qui, pour sa pratique personnelle, reste dans le cadre – exclusif ou principal – d'une école juridique donnée"). Le "Mutamadh'hib" aussi est sunnite, considère le consensus implicite des Salaf sâlih comme un argument dont tout sunnite doit tenir compte, mais, personnellement, ne pratique que les avis d'une des quatre madh'hab, écoles juridiques classiques : hanafite, malikite, shafi'ite ou hanbalite. Le "Salafî", lui, ne demeure pas, même pour sa pratique personnelle, dans le cadre de l'une de ces écoles classiques : il pratique, concernant telle question, l'avis de Ahmad, concernant telle autre celui de Mâlik, concernant telle question encore celui de ash-Shâfi'î ou de Abû Hanîfa, ici l'avis de Ibn Jarîr at-Tabarî, là l'avis de ath-Thawrî, là encore celui de al-Awzâ'ï, etc., suivant l'avis qui repose sur des arguments qui lui paraissent plus fidèles aux textes du Coran et de la Sunna ; parfois encore, comme le fait al-Qardhâwî, suivant l'avis qui, tout en ayant été vérifié comme ne constituant pas une erreur par rapport aux textes du Coran et de la Sunna, correspond le plus à la réalité du contexte à un moment donnée en un lieu donné. B.b) Ensuite, au sein de ce sens B, on a pris dans certains milieux l'habitude d'employer le terme "Salafî" dans un sens plus restreint encore : selon ce dernier, le salafî n'est plus seulement celui qui ne demeure pas dans le cadre d'une des quatre écoles classiques mais se réfère, pour sa pratique personnelle, à l'ensemble des avis de tous les Salafs ; c'est désormais "celui qui se réfère aux avis de tels et tels ulémas Salafis [sens B] contemporains tels que Ben Bâz, al-Albânî etc.". La "Salafiyya" (c'est-à-dire "être Salafî") est de la sorte devenue elle-même une sorte de groupe, comme l'a dit Ibn ul-'Uthaymîn ("Ce qui est obligatoire est que la Umma, son école soit l'école des Salaf sâlif ; non s'affilier à ceux qui sont appelés "as-salafiyyûn". Soyez conscients de la différence : il y a là la voie des Salaf ; et il y a là un groupe qui est appelé "as-salafiyyûn"" ; je ne pense pas que ce soit les "Qutbistes" que Cheikh Ibn ul-'Uthaymîn ait voulu désigner ici par "as-salafiyyûn", car plus loin il dit : "les frères salafiyyûn forment celui des groupes qui est le plus proche de ce qui est correct (swawâb), nul doute à cela" ; or quiconque connaît sa pensée conviendra qu'il n'aurait pas dit cela de "Qutbistes"). Et chez certains frères de cette tendance B.b, on rencontre parfois le raisonnement suivant : "Cheikh Albânî suit la voie des Salaf Sâlih ; donc si tu ne suis pas ses avis, tu ne suis pas la voie des Salaf sâlih ; donc tu es égaré". CQFD. Cela rejoint ce que Cheikh Ibn ul-'Uthaymîn déplorait, dans le propos relaté de lui plus haut ("Mais leur problème est le même que celui d'autres qu'eux : certains groupes traitent d'autres d'égarés, de gens de la bid'a, de mauvais (fâssiq)"). Un exemple : selon al-Albânî, c'est le cœur et non le cerveau qui raisonne, et dans une discussion qu'il avait eue avec un médecin musulman soutenant, lui, que c'est le cerveau qui raisonne, le médecin avait eu recours à une ta'wîl du(des) verset(s) coranique(s) employant le terme "raisonner" à propos du "cœur" ; Cheikh Albânî avait alors observé que l'interprétation que le médecin avait faite ressemblait à celles de groupes égarés ayant eu recours à des ta'wîls de certains textes (cf. Silsilat ul-ahâdîth as-sahîha 6/468). Certains frères qui ont pris Cheikh Albânî comme référence sont dès lors persuadés que "suivre la voie des Salaf sâlih, c'est forcément dire que ce n'est pas le cerveau qui raisonne ; si un musulman le dit, il ne suit pas les Salaf sâlih, puisque Cheikh Albânî les suit, lui ; ce musulman est alors égaré". Pourtant Abû Hanîfa et Ahmad ibn Hanbal disaient, eux, que c'est le cerveau qui raisonne (cliquez ici pour en savoir plus). Ces deux personnages ne font-ils pas partie des Salaf sâlih ? Est-on égaré (dhâll) si sur ce point on suit leur avis et non celui d'autres Salafs, qu'a repris al-Albânî ? Le problème est bien là : un nombre grandissant de frères qui veulent se référer aux sources vives du Coran et de la Sunna se sont mis à croire que la voie (manhaj) des Salaf c'est forcément d'appréhender ces textes de façon littéraliste (zâhirî) ! Et ce n'est pas la takhti'a de tout avis différent qu'ils font, c'est sa tadhlîl. Parce que si tu as alors un propos non littéraliste mais un tant soit peu nuancé, c'est : "Lui il ne suit pas les textes mais sa raison". A croire que ces frères n'ont jamais lu les avis et argumentations de Omar, de Ibn Mas'ûd, de Aïcha et de Ibn Abbâs (que Dieu les agrée), pour ne citer, parmi l'ensemble des Salaf, que ces illustres Compagnons... – C) Enfin on remarque que dans l'esprit d'un certain nombre de personnes, qui ne sont que très superficiellement informées de ce dont elles parlent – elles sont souvent non-musulmanes, mais pas toujours –, "Salafî" signifie : "violent" ou, au moins, "qui porte en lui les germes de la violence". Il s'agit clairement d'une déviance de sens, fondée sur l'ignorance. Cette déviance est due au fait qu'on a longtemps entendu parlé de groupuscules violents dans les noms desquels se trouvait le terme "salafî", à l'instar du "Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat". A force d'avoir reçu ces deux termes martelés ensemble ("Salafis" et "Combat") pendant des mois, son cerveau a fini par créer un lien, une connexion, entre eux : "Salafi" égale donc désormais "Violent". Ainsi, après l'odieux assassinat d'Ilan Halimi, on a lu dans des médias que dans tel lieu on avait retrouvé "des prescriptions de caractère salafiste" (fin de citation). "Des prescriptions à caractère salafiste"... euh... en clair ça veut dire quoi ? terroriste ? Pourquoi ne l'avoir pas dit ainsi, alors ? Le grand public ne sait pas ce que ce terme "salafiste" désigne clairement ici (nous non plus d'ailleurs), mais il en retiendra que "Salafî" désigne décidément une tendance musulmane dangereuse, car violente et meurtrière... Un autre propos, également déroutant : A coté de ces personnes désormais convaincues que tout "Salafî" est un combattant en puissance, il en est d'autres qui pensent et disent que tout "Salafî" est forcément un rigoriste, ayant une vision rigidifiée des enseignements de l'islam, tandis que tout musulman qui reste dans le cadre d'une école (donc tout "Mutamadh'hib") sait arrondir les angles. Quand on lit par ailleurs que ces mêmes personnes disent que les Talibans d'Afghanistan étaient, je cite, "des dangereux réactionnaires et des rigoristes", on se demande si elles savent vraiment de quoi elles parlent : ces Talibans n'étaient pas des "Salafis" (au sens B) mais des purs hanafites, qui n'entendaient rien changer à tout ce que les anciens ouvrages de l'école hanafite enseignent, justement au motif que "Si un musulman ne suit pas à la lettre tout ce que les ouvrages classiques d'une des quatre écoles classiques contiennent, il devient Salafî [sens B], ce qui est dangereux". "Dangereux" ? "Oui, confirment les musulmans habitués à cette façon de voir, "dangereux, parce que source de laxisme : ces Salafis suivent leur envie personnelle (hawâ / nafs) en choisissant celui des avis existants qui les arrange". Cliquez ici pour lire notre article montrant que chez les Mutamadh'hib comme chez les Salafis (sens B) il est plusieurs tendances. Les violents ne sont donc pas tous les Salafis, mais seulement certains d'entre eux. Et des Mutamadh'hib aussi, il y en a de violents. Enfin, chez les non-musulmans aussi, qu'ils soient d'une autre religion que l'islam ou qu'ils soient agnostiques ou athées, il y a des violents et des terroristes. Préservons-nous des simplifications et des préjugés, et tout le monde sera gagnant inshâ Allâh. On voit que les choses ne sont pas simples… - Attention au piège de certains mots ! A la Réunion, bien que tu demeures globalement hanafite, pour peu que sur certains points tu suis des ulémas (comme Cheikh Khâlid Saïfullâh, Shâh Waliyyullâh, etc.) qui ont donné préférence à un avis qu'ils ont pris d'une autre école, tu es catalogué comme étant un Salafî [sens B] (!). Certaines personnes (parfois musulmanes), entendant ce terme "Salafî" – qu'elles ne comprennent que comme signifiant le "violent en puissance" [sens C] – sont dès lors convaincues que tu es un rigoriste, voire un violent en puissance. Et si elles lisent ici ou là la fatwa de Ben Bâz reproduite plus haut et qui dit que tout sunnite est un Salafî [sens A], alors là elles n'y comprennent plus rien, si ce n'est que tout sunnite – voire même tout musulman pratiquant – est un violent endormi, et le réveil de sa violence n'est qu'une question de temps ! Attention, donc, au piège de certains mots... - Une note supplémentaire à propos du dire de Ibn ul-Uthaymîn : Par son propos "les frères salafiyyûn forment celui des groupes qui est le plus proche de ce qui est correct (swawâb)", prononcé juste après la phrase "Saisissez la différence : il y a là la voie des Salaf ; et il y a là un groupe qui est appelé "as-salafiyyûn"", Ibn ul-'Uthaymîn semble – wallâhu a'lam – avoir voulu donner préférence au fait de se référer, même pour sa pratique personnelle, aux avis de l'ensemble des Salaf et non pas seulement aux avis de ceux des Salaf qui appartiennent à une des quatre écoles classiques (comme le font les Mutamadh'hib) ; et il semble vouloir inviter à systématiquement considérer lequel des avis est le plus proche de la lettre des textes du Coran et de la Sunna. C'est sa position, mais on notera qu'il a dit que [selon lui] cela est plus proche de ce qui est correct ("aqrab ila-s-swawâb") ; il n'a pas dit que cela constitue la seule voie de la droiture au sein du sunnisme, au point que ceux qui sont Mutamadh'hib sont égarés. C'est un point dont certains frères devraient se souvenir. Lire par ailleurs notre article Pour une meilleure compréhension entre Mutamadh'hib et Salafî. On se rappellera également que sa position est ici exactement l'inverse de celle de Shâh Waliyyullâh, qui écrivait pour sa part : "Aucun reproche ne peut être fait à celui qui ne considère permis que ce que Dieu et Son Messager ont déclaré permis, et interdit que ce que Dieu et Son Messager ont déclaré interdit, mais qui, se sachant manquer de connaissances pour connaître les nombreux Hadîths du Prophète (sur lui la paix), pour savoir comment concilier les Hadîths qui sont apparemment divergents, et pour savoir comment extraire des textes du Coran et des Hadîths les principes à appliquer dans les nouvelles questions, suit un âlim qu'il considère très compétent. Ce faisant, il garde l'intention de suivre ainsi le Coran et les Hadîths et de délaisser l'avis de ce âlim sans dénigrement s'il apparaît de façon sûre que cet avis contredit un Hadîth authentique et clair du Prophète" (Hujjat ullâh il-bâligha 1/446-447). "La Communauté du Prophète – ou suffisamment de ulémas parmi elle – s'est mise d'accord jusqu'aujourd'hui pour considérer qu'il est permis de suivre une de ces quatre écoles. Il y a en cela des bienfaits qui sont clairs, spécialement aujourd'hui où les ardeurs à l'effort ont diminué, où les âmes s'adonnent abondamment à la recherche du plaisir, et où chacun se complaît dans son avis personnel" (Ibid. 1/442). - Mot final : J'espère avoir répondu à ta question et avoir éclairci ce que tu ne comprenais pas au sujet de ce que j'ai écrit. Quand j'ai dit que je ne suis pas "Salafî", j'ai voulu dire que je suis "Mutamadh'hib" : je reste donc globalement, pour ma pratique personnelle, dans le cadre de l'école hanafite. Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux). * Plus de cette catégorie o Choisir, pour soi-même, d'accomplir chaque jour un nombre de prières surérogatoires plus important que celui que le Prophète (bssl) faisait, est-ce de la bid'a ? o Ulémas et musulmans pieux : al-'Ulamâ' wa-s-Sulahâ' o Respecter les ulémas et les questionner – Mais se souvenir aussi que, exception faite du Prophète, il arrive à tout 'âlim et muftî de faire des erreurs d'interprétations (khata') o Qu'est-ce qui fait la différence entre "erreur d'interprétation qat'î d'un mujtahid" et "déviance" ? o Le Prophète laissait faire ; un Compagnon est intervenu ; comment est-ce possible ? o Trois sens au terme "Salafî" o Pourquoi se référer non seulement au Coran mais aussi aux Hadîths 



13/01/2011
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